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géopolitique et informations internationales

Retour à la Realpolitik

Retour à la Realpolitik

L'Histoire avance : la disparition du bloc soviétique n'a pas entraîné "la fin de l'Histoire" mais simplement ouvert une période où l'Occident dirigé par les Etats Unis a cru pouvoir imposer ses diktats au reste du monde à coup de bombes, d'interventions militaires et de "révolutions de couleurs", cette période a duré une trentaine d'années mais elle est désormais terminée car durant cette même période de grands acteurs ont émergé sur la scène politique mondiale et ont proposé un modèle alternatif à l'unipolarité : celui de la multipolarité .

La nouvelle administration américaine a pris en compte ces changements . Le vice-président  J.D. Vance a déclaré dans un entretien : "Vous savez, la chute du mur de Berlin et les années 1990, lorsque l'Amérique était le véritable hégémon mondial  . L'Amérique pouvait tout faire , parce qu'elle était tellement plus puissante  que n'importe quel autre pays . Cette époque est révolue . Nous vivons dans un monde de plus en plus multipolaire" .

De son côté, l'émissaire spécial américain pour l'Ukraine, Keith Kellogg a déclaré qu'il appartenait à "l'école du réalisme" . 

Il semble bien que la période du monde unipolaire soit terminée . cela ne signifie pas que les Etats Unis vont renoncer à leur statut de grandes puissance mais qu'ils vont se tourner vers une diplomatie plus subtile, disons même qu'ils vont abandonner le temps des diktats pour revenir à la diplomatie .

Pour les Américains, la Chine est un danger, plus sur le plan économique que militaire, même si la montée en puissance de la Chine en ce domaine permet au Pentagone de réclamer toujours plus de crédits, ils estiment qu'avec la guerre en Ukraine, les Occidentaux ont poussé la Russie dans les bras de la Chine et ils aimeraient bien rééquilibrer les choses . On peut penser à un retour à la Realpolitik du temps d'Henry Kissinger .

Par contre les dirigeants européens ne semblent pas avoir encore compris que le monde avait changé, pour tenter de répondre aux déclarations de J.D. Vance sur le "recul de la liberté d'expression en Europe" l'ineffable ministre des Affaires français, Jean-Noël Barrot s'est fendu d'une déclaration en 3 points : " Je réaffirme 3 principes :  1. La liberté d'expression est garantie en Europe ( c'est pour cela que l'on a interdit RT France et Russia Today, que l'on a fait sauter l'accès à la TNT à une chaîne de télévision) 2. Quand on est sûr de soi et de ses valeurs, on ne se sent pas menacé par la critique (c'est pour cela qu'il s'est senti obligé de répondre), 3. Personne n'est obligé d'adopter notre modèle, mais personne ne peut nous obliger à adopter le sien ( c'est pour cela que l'on tente d'imposer en Afrique le modèle LGBTQ+ et que l'on a adopté le wokisme venu des Etats Unis) .

Alors que les dirigeants européens s'offusquent des demandes américaines pour qu'ils augmentent leurs dépenses dans le domaine de la Défense, ils nous parlent "d'autonomie de la Défense européenne", de "sécurité de l'Europe", ils achètent à tour de bras des armes américaines et crèvent de peur à l'idée que les Américains puissent réduire leur présence militaire en Europe, un faisceau de contradictions dont ils sont incapables de sortir .

Quant à l'Ukraine, comme chacun le sait, on s'est précipité dans la guerre au nom de "l'intangibilité des frontières" (c'est pour cela que l'on a détruit la Yougoslavie), pour défendre "les valeurs de l'Europe" dans un pays qui a interdit les journaux, les chaînes de télévision, les partis d'opposition où l'on ne vote pas car comme l'a expliqué l'ex président Zelensky à Munich : "Les Ukrainiens ne veulent pas organiser d'élections  parce qu'ils ont peur . Si tous nos soldats rentrent chez eux, cela nous affaiblira et Poutine prendra le contrôle de tout notre pays" . Il n'a pas entendu parler du vote par correspondance, il devrait demander conseil à Maria Sandu, la présidente moldave réélue grâce au vote par correspondance des Moldaves installés dans l'UE, ceux installés en Russie avec 2 bureaux de vote contre plus de 100 dans la seule Italie n'ont guère eu la possibilité de s'exprimer .

Et Donald Trump a le culot de vouloir mettre la main sur les terres rares en Ukraine, selon le Financial Times, le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent a proposé à Zelensky un accord prévoyant de réserver aux Etats Unis 50% des droits sur l'exploitation ce que Zelensky a refusé car il n'y avait pas "de garanties de sécurité", ce n'est que partie remise . Les Européens ne sont pas contents évidemment car eux aussi lorgnent sur ces terres rares, mais ils laissent, aux dépens de leurs propres agriculteurs, se déverser dans l'UE les produits agricoles ukrainiens . Que ne nous a-t-on dit sur les céréales ukrainiennes : il faut qu'elles puissent être exportées pour éviter la faim dans le monde, dans la réalité sur les 33 millions d'hectares de terres arables d'Ukraine 9 millions sont entre les mains de sociétés étrangères, il fallait continuer à permettre à ces grosses firmes capitalistes d'engranger des bénéfices .

Ce que veulent les Occidentaux ce n'est pas protéger le peuple ukrainien c'est pouvoir dépecer ce pays de ses ressources minières et agricoles . 

Au grand déplaisir des bellicistes européens le processus diplomatique s'est enclenché et pas seulement avec la Russie, selon le New York Times, ce serait aussi le cas avec la Biélorussie qui vient de libérer des prisonniers, il y aurait d'autres libérations et en échange les Etats Unis allégeraient les sanctions contre les banques biélorusses et les exportations de potasse .

Ce retour à la Realpolitik, une politique étrangère fondée sur le calcul des forces et l'intérêt national, semble marquer la fin d'une période où l'Occident a voulu imposer ses "valeurs" par la force .

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