géopolitique et informations internationales
Ce terme de Terre Sainte, même s'il semble fleurer bon les Croisades est finalement plus neutre car il fait ressortir l'attachement des trois religions monothéistes à cette zone géographique.
L'actuel conflit semble opposer Juifs et musulmans, mais il ne faut pas oublier que les chrétiens palestiniens représentaient en 1947 près de 15% de la population palestinienne, l'un de leur représentants les plus connu est Georges Habache qui fonda en 1951 le Mouvement Nationaliste Arabe puis, après la guerre des Six Jours, il créa avec Ahmed Jibril le FPLP (Front Populaire de Libération de la Palestine) dont les membres portaient le keffieh à damier rouge, ce qui les distinguait des membres du Fatah qui portaient des keffieh à damier noir. En 1968, Ahmed Jibril, déplorant l'orientation marxiste prise par le FPLP, créa le FPLP-CG (Commandement Général) dont des membres, montés sur deux deltaplanes motorisés, lancèrent, dans la nuit du 25 décembre 1987, une attaque contre un camp militaire israélien qui se solda, côté israélien par 6 soldats tués et 7 blessés. Comme on le voit, le Hamas n'a rien inventé.
A l'ONU, deux nouveaux projets de résolutions ont été rejeté : une résolution américaine qui évoquait "le droit de tous les Etats à l'autodéfense" et plaidait pour des "pauses humanitaires", résolution bloquée par la Chine qui a dénoncé un texte "largement déséquilibré, confondant le bien et le mal" et par la Russie qui y a vu un texte "destiné à consolider la position américaine dans la région"; La Russie a présenté un nouveau projet de résolution réclamant "un cessez-le-feu humanitaire immédiat" et condamnant les "attaques abominables du Hamas", mais il a été bloqué par les Etats Unis et le Royaume Uni.
En effet, les Américains et les Israéliens ne veulent pas de cessez-le-feu et les Etats esclaves européens reprennent tous l'antienne de la "pause humanitaire".
Le président israélien, Isaac Herzog (dont le père Chaïm Herzog a été président de 1983 à 1993) s'est montré très sceptique sur l'existence de deux Etats : "Quand on veut parler d'une solution à deux Etats, peut on garantir ma sécurité, comment puis-je avoir confiance ? Comment vivre si l'on a toujours peur de son voisin?"
On pourrait inverser les chose, qui intervient au Liban, qui bombarde la Syrie, qui expulse les Palestiniens, bouche les puits et rase les maisons en Cisjordanie, qui possède un arsenal nucléaire (développé avec l'aide de la France) d'au moins 80 têtes nucléaires avec les matériaux pour en fabriquer 115 de plus et les vecteurs pour les délivrer : missiles Jericho 2, 2B et 3, avions F-15 et F-16, missiles de croisières Delilah et Popeye Turbo ? Ce sont tous les pays de la région qui ont des raisons d'être inquiets !
Le risque sécuritaire pour Israël vient de sa propre politique avec le grignotage permanent des terres palestiniennes en Cisjordanie, les vexations, l'enfermement des Palestiniens dans la bande de Gaza, c'est comme cela que l'on fabrique des révoltés et ils ne faut pas s'étonner que quand ils parviennent à s'échapper de la cage où on les a enformés, ils se mettent à commettre des crimes.
Les traités de paix signés avec l'Egypte et la Jordanie, la politique qu'avait commencé à mettre en oeuvre Ariel Sharon avec le démantèlement de 21 colonies dans la bande de Gaza et de 4 colonies en Cisjordanie montrent la bonne voie.
Il ne suffit pas de dire comme le Quai d'Orsay que la colonisation en Cisjordanie "constitue une appropriation illégale de terres qui devraient être l'enjeu de négociations de paix entre les parties" où de condamner "la progression de la colonisation" comme l'on fait en mars dernier six pays européens dont la France, encore faut-il que ces paroles se transforment en actes, c'est à dire en sanctions contre cette politique israélienne, mais les relais de la politique sioniste sont très puissants et empêchent toute action en ce sens.
Pendant longtemps, seuls les Américains, se fondant bien évidemment sur leurs propres intérêts ont pu convaincre les Israéliens de lâcher du lest, mais aujourd'hui de nouveaux acteurs ont fait leur apparition, en force sur la scène diplomatique internationale et il faut espérer qu'ainsi, même si cela prendra du temps, on parviendra à un accord pour mettre fin à ce conflit.
Jean Cuny