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Alors que l'OTAN tient à bout de bras, par ses livraisons d'armes, l'armée kiévienne, le conflit en Ukraine est aussi l'occasion de servir de banc d'essai pour de nouvelles armes. Ainsi le groupe Thalès, par l'intermédiaire de sa filiale australienne Lithgow Arms vient de livrer à Kiev des fusils d'assaut ACAR (Australian Combat Assault Rifle) chambrés en 7,62X39 pour se prévaloir d'une expérience de combat avant les prochains salons d'armement, en particulier le DSEI de Londres au mois de septembre prochain.
Le feuilleton des F-16 se poursuit : le premier problème qui se pose est bien évidemment celui de la formation des pilotes, or sur les 32 pilotes kiéviens pressentis seuls 8 maîtrisent suffisamment l'anglais pour débuter cette formation. Tous les autres vont devoir suivre une formation de 4 mois en anglais qui va se dérouler au Royaume Uni ce qui va repousser au mois de janvier 2024 le début de leur formation avion. En outre, pour mener ses opérations Kiev a conservé ses pilotes les plus aguerris ce qui va impliquer un temps de formation plus long pour ceux envoyés à l'étranger. Dernier problème : le manque d'instructeurs car la plupart de ceux ci sont impliqués dans la formation sur le F-35.
Enfin il y a aussi la formation des techniciens de maintenance et la mise en place de toute la chaîne logistique.
Donc, au mieux, les F-16 pourront être utilisés par les Kiéviens dans le cours de l'été 2024.
Mais depuis quelques mois, une rumeur de plus en plus insistante s'est fait jour : il s'agit de la présence en Ukraine de Mirage 2000C. Un premier indice est apparu avec la présence depuis des mois de pilotes kiéviens sur les bases aériennes de Mont-de-Marsan (BA 118 Colonel Rozanoff) et de Nancy (BA 131 Henry Jeandet) cette dernière assurant la transformation des pilotes français sur Mirage 2000. Selon le ministère des Armées il s'agit de former les pilotes ukrainiens "notamment à la défense sol-air et à la survie au cas où leur appareil serait abattu". deuxième indice : après l'annonce par Macron de missiles SCALP à Kiev, on a pu voir Zelensky apposant sa signature sur un missile SCALP porté par un Su-24, or le missile porte une silhouette associant un demi Su-24 et un demi Mirage 2000 voir photo ci-dessus). Troisième indice : le 29 juillet dernier une vague de 12 missiles Storm Shadow/SCALP a visé les ponts de Tchongar entre la Crimée et le continent.
On nous a dit que les Su-24 M et MR kiéviens avaient été transformés pour emporter les Storm Shadow/Scalp, très bien, mais combien en reste-t-il à Kiev ?
Au début de l'Opération Militaire Spéciale, il y en avait 14 servant à la 7e brigade d'aviation tactique (7 BrTA Petro Franko) dirigé depuis 2018 par le colonel Yevgen Bulatsyk , mais le site Oryxblog, lié aux services secrets britannique indique que 17 ont été abattus ! Problème !
En 1991, après la disparition de l'URSS, 250 SU-24 de divers modèles étaient restés sur le sol ukrainien, lors du rattachement de la Crimée à la Russie, en 2014, des dizaines avaient été retrouvés sur des aérodromes de la péninsule dans un état de délabrement avancé. On peut supposer que les Kiéviens ont été en mesure de rafistoler un certain nombre de ces appareils abandonnés durant des années, en effet le 7 BrTA disposait d'environ 40 appareils stockés dont certains capables d'être rapidement remis en service (ceux des lots 09 à 13 produits de 1986 à 1991).
Les images disponibles montrent qu'il a été possible d'intégrer 2 StormShadow/SCALP par appareil, que ce soit sur la version M ou MR (reconnaissance) en utilisant un pylône venant du Tornado britannique et un adaptateur fixé sur le point d'emport pour bombe KAB-1500.( voir photo ci-dessus)
A la limite, 6 Su-24 auraient pu réaliser l'attaque sur les ponts de Tchongar, reste à savoir combien il en reste et combien sont réellement disponibles. La question de la présence de Mirage 2000 reste donc posée sans que, pour le moment on puisse y répondre à coup sûr.
Jean Cuny